Le Juste Oublié

img-le-juste-oublieMaux revient d’Asie, en août 1939, c’est encore une fois la guerre qui l’attend en France. Elle le conduit de la Ligne Maginot, à l’état-major des Colonies. Puis lors de la débâcle, alors qu’il cherche à reprendre le combat, Maux est envoyé dans le Réduit Breton et échappe de peu à la captivité. Par la suite, désireux de se rendre utile à son pays, il se retrouve à Vichy, au Cabinet de René Belin, le ministre du Travail . Très vite, celui-ci le charge d’un poste social, qui le maintient en zone libre. juste-01 Pendant deux ans, Maux va se consacrer corps et âme au Commissariat à la Lutte contre le Chômage de zone sud (C.L.C), menant son entreprise à son idée et avec les hommes de son choix. Il parvient à mettre sur pied un service original, efficace et généreux qui s’évertue non seulement à secourir les chômeurs français, mais toute une catégorie d’exclus et d’étrangers. Il ne cesse de livrer des combats opiniâtres pour faire reconnaître à ses protégés, envers et contre tous, le droit au travail et un statut égal pour tous. Son but est de donner à chacun, quelque soit son origine, les moyens d’une existence digne. Il parvient à garder dans son service les intellectuels juifs qui y occupent de nombreux emplois. Il fait arrêter les réquisitions Todt, qui visent les réfugiés espagnols, de plus en plus réticents à partir travailler en zone nord. Il protège – et participe activement – aux nombreux mouvements de résistance qui s’abritent sous la façade officielle du C.L.C. A la fin de 1942 son

service, devenu hautement suspect aux yeux du gouvernement, va se trouver balayé par l’invasion de la zone sud et la tornade du S.T.O. Henri Maux donne sa démission, suivi par nombre de ses adjoints, comme lui engagés dans la Résistance, et choisit une position de retrait volontaire.

A Paris, dans de nouveaux postes plus effacés, il parvient encore à lutter efficacement contre les injustices de l’heure. C’est ainsi qu’il évite le S.T.O à près de deux cents jeunes fonctionnaires du ministère des Colonies. Son indépendance d’esprit – il a été l’un des rares hauts fonctionnaires à refuser le serment au Maréchal – sa clairvoyance et sa détermination rendent exceptionnel le parcours de ce fonctionnaire atypique.

Grâce à de très complètes archives familiales – privées et professionnelles – restées inédites jusqu’à ce jour, sa fille Antoinette Maux-Robert, s’est attachée à reconstituer de façon précise les sentiments et les choix de son père. Dans cet ouvrage, elle retrace l’existence du Commissariat à la Lutte contre le Chômage de zone sud, dont aucun historien n’a encore eu connaissance.

Pendant quinze ans, elle a interrogé plus de quarante témoins de l’époque – dont la plupart ont à présent disparu – et passé des centaines d’heures à consulter des fonds d’archives privés ou publics. Cet ouvrage est donc un livre d’histoire, très documenté et clair, malgré la complexité du sujet et de l’époque. C’est aussi l’histoire d’un homme de bonne volonté, qui voulait « servir » mais qui n’a jamais accepté d’agir contre sa conscience.

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