Avis d’historiens

Pékin 1930, avec Bourgoin et les Wilden

Pékin 1930, avec Bourgoin et les Wilden

« J’ai lu ce livre au titre si bien trouvé, qui décrit les débuts de votre père ingénieur en Indochine. En définitive, l’étagement des ouvrages est très bienvenu : le quatrième tome arrive à point pour faire connaître la jeunesse et les débuts d’un homme de grande classe à ceux qui, grâce aux trois tomes précédents, sont devenus ses admirateurs. C’est sympathique et même émouvant de savoir déjà ce que ce jeune homme doué, ardent, généreux et droit va réaliser, dans ces régions éloignées, au cours de sa trop brève existence.
On découvre avec lui le Cambodge, son roi, ce qui lui reste de pouvoir et de prestige, mais aussi la société coloniale de l’immédiat après-guerre où Maux s’intègre avec réticence au début,. Elle est fort intéressante, parce qu’elle n’est pas uniquement composée de colonialistes cyniques, mais surtout de gens actifs et efficaces, décidés à mettre leur compétence au service du pays, ce qu’il font avec ardeur, méthodiquement et avec des résultats magnifiques et parfois même exceptionnels (le riz en Cochinchine). Personne ne le sait plus en France, au milieu des approximations tendancieuses…
L’intérêt ne cesse de croître au fil du livre. Après sa découverte de la nouvelle terre, après son tour du monde, Maux se met à l’ouvrage et on le voit donner sa pleine mesure, lui et ceux qui l’entourent, car entre ces responsables, on sent comme une émulation à donner leur maximum. Ce pays attachant peut et doit progresser grâce à leur effort collectif de gens jeunes, motivés et compétents. Quelle justesse, quelle fraîcheur dans votre description du petit monde de ces expatriés, avec ses amitiés, ses fêtes, ses expéditions dans le pays, ses divertissements qui sont partout ceux des jeunes : baignades, bals, tennis etc… et en même temps son sérieux dans l’action. Bien sûr, il y a des profiteurs et autres personnages malsains, mais votre livre met en pleine lumière ce qu’on doit impérativement appeler les bienfaits de la colonisation : tous ces jeunes techniciens rendent au territoire auquel ils sont affectés, avec la même compétence et le même zèle, des services identiques à ceux qu’ils auraient rendus dans la mère patrie, et avec quel succès !
On retrouve votre habituelle aisance et élégance d’écriture, vos bonheurs de plume, la vie que vous communiquez à vos personnages, isolés ou en groupe, l’aisance avec laquelle vous changez d’échelle, du croquis de pose ou d’expression, au tableau de paysage ou de fête. Œuvre magnifique que ce superbe polyptique en quatre volets, que cette passionnante saga d’un père hors norme. «

Charles de la Roncière

historien et normalien, professeur émérite à l’Université de Provence,